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sent bien-faiteur, disent aussi, bien-faitrice ; Soyez d’eternels monumens des liberalitez de vostre bien-faitrice[1].

Je ne préfére point mon jugement à celuy de tant d’habiles Ecrivains, mais cependant je serois plus porté en faveur de bienfaicteur. « L’homme qui porte son ingratitude jusques à rendre à son bien-faicteur le mal pour le bien, privera pour jamais sa maison de toutes sortes de biens », dit l’Auteur de la Morale du Sage ; & c’est ainsi, je crois, qu’il faut parler ; car bienfacteur est trop rude, bienfaiteur est trop affecté, au lieu que bienfaicteur tient le milieu entre les deux. C’est de la sorte que M. de Voiture prétend qu’il faut dire ; voicy comment il s’en explique luy-mesme à M. Costar qui l’avoit consulté sur ce mot. Bienfaiteur, dit-il, n’est pas bon, bienfacteur ne se dit

  1. M. Fléchier. Oraison Funébre de Madame d’Aiguillon.