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ture, son appréciation éclairée du Diomède de Dioscouride (p. 4, 77 et 141).

Intaille sur agathe. H. 0 m 024. L. 0 m 020.

108. — La Fortune debout. Dans le champ ΑΓ—ΑΘ ; en exergue : Η.

C’est l’invocation Ἀγαθῂ Τύχῃ. A la bonne fortune ! qu’on trouve sur plusieurs monnaies grecques (le P. Hardouin, Num. ant. ill., p. 236), et qu’on retrouve aussi en tête des décrets et actes publics des villes, corps. politiques et corporations, des traités et des conventions d’un intérêt général. (De Caylus, Rec. d’ant., II, p. 209, 228, pl. 60, 64. — Champollion-Figeac, Rés. d’arch., II, 133.)

Intaille sur cornaline. — Bague, monture moderne en bas argent. — H. 0 m 009. L. 0 m 008.

109. Inscription en deux lignes ΕΓΤΥΧΙ / ΕΥΓΕΝΙ gravée en relief et dans son sens naturel.

Il y avait une sardoine avec la même inscription dans la coll. du baron de Crassier, év. et prince de Liége, décrite dans son catalogue. Liége, 1740, p. 32.

Le premier mot ἐυτύχει, aies la fortune favorable, ou sois heureux, était une formule nuptiale. Lorsque Neptune exhorte le fleuve Alphée à bien aimer Aréthuse, il lui dit : ἐυτύχει ἐν τῷ ἔρωτι (Lucian., Dialog. Deor. marin., III, p. 108). Juvénal emploie, dans une occasion semblable, l’expression de Feliciter (Sat., II, v. 119) ! Lorsqu’en 582 l’empereur Tiberius Constantinus, après avoir désigné Mauritius pour successeur, lui donne en mariage sa fille Constantina, il prononce la formule : Utere ed felix (Gregor. Turon. eps., Hist., lib. VI, cap. 30) ! Le changement de la désinence ει en ι indique la basse grécité. On trouve εὐτύχι sur une gemme du Musée de Florence (Gori, p. 55, pl. 22, no 3). Ce mot s’employait aussi comme exclamation d’encouragement et d’applaudissement. Sur une gemme représentant un bestiaire du cirque nommé Marcellus, dressant un ours avec un fouet, on lit : ΕΥΤΥΧΙ ΜΑΡΚΕΛΛΕ (Leonardo Augustino, 2e part., p. 50, pl. 32 ; Levesque de Gravelle, 2e part., p. 72). On lui donnait aussi une acception funéraire. On voit, sur une momie du cabinet de Dresde, ΕΤΥΧΙ (Winckelmann, Réfl. sur la peint. et la sculpt., p. 123). On lit sur d’anciennes épitaphes, au singulier ΕΥΤΥΧΙ (Gruter, Corp. inscr., pl. 641, 8), ou au pluriel : ΕΥΤΥΧΕΙΤΕ ΧΑΙΡΕΤΕ (Gruter, id., pl. 861).

Le mot de la deuxième ligne, ΕΥΓΕΝΙ, sois brave ou conduis-toi bien, est une acclamation de même nature s’employant dans des circonstances analogues. On trouve sur un bas-relief d’un tombeau antique :