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Au revers de cette pierre, on voit gravée la représentation d’Hécate :

« Tergeminamque Hecaten, tria virginis ora Dianœ, »

(Virg., Æneid., lib. IV.)

Mais ces représentations monstrueuses de déesses multiples, à trois têtes et à six bras, n’étaient point dans le goût des allégories grecques et romaines : elles étaient empruntées aux mystères de l’Inde ou de l’Égypte. C’était Isis ou la Lune considérée comme présidant, sous ces trois formes, au ciel, à la terre et aux enfers ; mais c’était plus particulièrement une divinité infernale habitant les signes inférieurs. Si on la voit ici au revers d’Iaô aux pieds de serpent, c’est qu’elle est elle-même, suivant Lucien, une divinité anguipède. Si, en effet, le Soleil d’hiver s’enfonçant dans les ténèbres s’unit à la constellation du Serpentaire, il en est de même à son tour de la Lune. Aussi regardait-on Hécate et Sérapis comme les premiers d’entre les mauvais génies, et les Ophites, de même que les Manichéens, adorateurs du mauvais principe, devaient leur adresser leurs hommages réunis. Comme puissance ténébreuse, Hécate était la déesse de la magie. Les sorcières de l’antiquité savaient faire descendre la Lune dans leur cercle magique pour répondre à leurs conjurations (Virg., Bucol., eclog. VIII ; Horat., Epod., V, 45 ; Tibull., lib. I, eleg. III ; Propert., lib. II, v. 869 ; IV, 393). Si la triple hécate indiquait des plantes médicinales pour la guérison, elle procurait aussi les herbes vénéneuses qui servaient aux noirs enchantements (Horat., Epod., III, Y. 17). Il n’y a point de doute que son image, au revers de celle d’Iaô. ne fût destinée à doubler sur ce jaspe vert la force du talisman irrésistible.

Cam. Leonardo, dont nous avons déjà cité le Speculum lapidum, s’exprime ainsi (lib. III, cap. 16, p.. 168) : « Thetel, très-vieux docteur, traitant des sculptures, dit que si on trouve sur des pierres convenables les gravures qu’il va décrire, elles ont la plus grande vertu, et surtout l’image, sur un jaspe, d’un homme ayant un bouclier au bras gauche, dans la droite une idole ou quelque chose de belliqueux, au lieu de pieds des vipères, au lieu de tête humaine une tête de coq, la cuirasse sur la poitrine ; une pierre ainsi gravée a la vertu de rendre vainqueur de ses ennemis ; elle vaut contre les poisons et elle arrête aussi le sang, de quelque part qu’il coule. »

Jaspe vert veiné de rouge. — Bague, monture moderne en laiton. — H. 0 m 023. L. 0 m 018.

57. — Iao représenté par un guerrier à tête de coq, armé a la romaine, couvert de la cuirasse, tenant dans la droite une lance, le bras gauche passé dans un bouclier rond, les jambes en forme de serpents. Dans le champ sont répan-