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copte du dieu-soleil Horus. Quant à Nous, c’est en grec, chez les néoplatoniciens, le principe de l’entendement humain. Saint Irénée, à la fin de son 2e Livre, donne de ces divers mots d’autres explications compliquées ; mais comme elles reposent sur des différences de signification produites par de légères mutations de lettres qui, sans changer peu de chose à l’assonance, changent le sens littéral en introduisant un sens mystique, je n’en parlerai point ce serait entrer dans les arcanes de la kabbale. Toutes ces explications ont leur utilité, parce qu’on retrouvera quelques-uns de ces noms sur les pierres ophites du Musée de Rennes.

Aux doctrines que je viens d’exposer se rattachaient les anciens systèmes astronomiques ou astrologiques. Avec le serpent biblique se confondait le dieu égyptien Chnouph : ce dernier porte une tête de lion et une auréole radiée, car il est l’emblème du Soleil, qui a son exaltation dans le signe du Lion. Le nombre de dix rayons est une allusion à la théorie dés décans. Chacun des douze signes du zodiaque se partageait en trois dizaines de degrés. Un génie tutélaire était chef de chaque tiers de signe ou décan, et le dieu-soleil parcourait successivement les 36 décans. Cette division était importante dans la science astrologique elle était

essentielle pour tirer le thème de la nativité, car suivant les principes généthliaques, le génie qui siégeait dans le décan du dixième de signe qui montait au moment de la naissance, présidait à la vie entière de celui qui venait au monde c’était le dieu de l’horoscope. Les Égyptiens précisèrent encore davantage cette influence. Le corps humain était divisé en 36 parties, à l’imitation du zodiaque et de ses 36 divisions, et chaque partie était mise sous la protection d’un décan qu’ils invoquaient par son nom, et qui ne manquait pas de guérir la partie malade soumise à son inspection. Necepso, un des maîtres de l’astrologie égyptienne, avait lié l’influence de chaque décan aux différents états de la santé de l’homme, et cherché dans cette science des remèdes contre les maladies et des préservatifs pour la santé. La pierre gravée qui nous occupe en offre un curieux exemple. On ne peut passer sous silence ce qu’en dit le médecin grec Galien (Galen., De simpl. medic. facult., lib. IX) : « Il y en a qui affirment, dit-il, que certaines pierres ont une puissance particulière, comme cela est réellement vrai du jaspe vert, qui, attaché sur la poitrine, soulage l’estomac et les ventricules du cœur. Il y en a qui le font sertir en anneau, après y avoir fait graver un dragon à tête radiée, comme l’enseigne le roi Nechepsos dans son XIIIe Livre. J’ai voulu moi-même expérimenter la vertu du jaspe et j’ai vérifié son efficacité. J’en ai confectionné un collier et je l’ai attaché au cou, tombant assez bas pour que les pierres fussent en contact avec le ventricule ; mais il m’a paru que ces pierres de jaspe n’en faisaient pas moins d’effet utile que si elles avaient porté la gravure décrite par Necbepsos. » Notre siècle va plus loin et penserait que toute autre pierre qu’un jaspe vert n’eût produit ni plus ni moins d’effet utile. Quant à ceux qui, moins sceptiques et plus partisans de la science égyptienne, voudraient recourir au jaspe du cabinet de Rennes contre leurs douleurs d’estomac, ils le feraient en pure perte, car le roi égyptien