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voyait habituellement apaiser d’une manière merveilleuse les souffrances ou même les faire tout à fait disparaître. C’est pourquoi, faisant un choix parmi ces formules éprouvées soit par les anciens médecins, soit par son expérience personnelle, il croit devoir donner et décrire celles qui préservent des douleurs de colique : « Fais graver, dit-il, sur une pierre médicale Hercule debout étouffant le lion, fais-le sertir dans un anneau d’or et donnes-le à porter. » Galien, comme nous le verrons ailleurs à l’occasion d’une autre pierre, n’était pas lui-même à l’abri de semblables idées. Au surplus, elles ont bien traversé les temps et les pays, car on les trouve en Bretagne, au moyen âge, dans le traité de Marbod, évêque de Rennes, De Gemmis et lapidibus. On les retrouve chez les médecins spagyriques du XVIe siècle. Argoli (De Diebus criticis, lib. I, cap. 8) enseigne la manière de faire les anneaux d’or et d’argent dans lesquels certaines pierres, serties sous des influences stellaires appropriées, exercent une vertu merveilleuse. Paracelse est un des adeptes de cette doctrine. Camillo Leonardo, de Pise, dans son Speculum lapidum, dédié à César Borgia, traite des propriétés hermétiques des pierres et du parti que l’astrologie, la magie et la nécromancie peuvent en tirer lorsqu’elles sont gravées, sous certains aspects planétaires, d’emblèmes ou de mots mystérieux qui en augmentent la force. Leonardo, s’étayant de l’autorité d’un vieux livre sur les pierres sigillées, sans nom d’auteur, mais qu’il attribue à Salomon, dit positivement « Si tu peux trouver sculptée sur une pierre l’image d’Hercule, la massue dans la main droite et se défaisant du lion, saches que celui qui la porte remportera à la guerre la victoire en rase campagne. » (P. 180.)

La pierre que nous décrivons n’est point simplement une représentation mythologique, c’est bien le point de départ de ces opinions superstitieuses, et l’on ne peut voir qu’une incantation dans les lettres placées à l’exergue. C’est l’invocation trois fois répétée à Hercule, maître et seigneur, ainsi que l’appelle l’empereur Julien (Orat., VII) : Kyrie ! Kyrie ! Kyrie ! Ce qui le fait penser, c’est que Montfaucon donne une pierre où est figuré le même sujet, et où on lit au revers Adonaï, ce qui signifie en hébreu la même chose que Kyrie en grec.

Jaspe noir. — H. 0 m 016. L. 0 m 013.

52. — Lion marchant à droite. Au-dessus, un symbole ou un astre.

Derrière la pierre :
ΙΑΗΙ
ΑΙΛΙ

Montfaucon, Ant. expl., p. 360, pl. 149. — Passeri, Thes. gemm. astrif., I, pl. 147, 148. — Matter, Hist. du gnost., atlas, p. 60, pl. IV.

C’est encore un emblème astrologique. — Je dirai seulement sur le lion, signe céleste, qu’Alexandre-le-Grand se servait d’un lion sur son anneau, et Tertullien veut que ce fût l’étoile dominante lors de sa naissance, à moins qu’on n’y voie plutôt l’insigne des rois de Macédoine, qui tiraient