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vidu au bagne de Brest, où on le réintégra, et il fut, plus tard, répété sur une plus grande proportion à Paris. Le 6 novembre 1851, un nommé Fossard, forçat évadé du même bagne, et un nommé Drouillet, forçat gracié, s’introduisirent par les mêmes moyens dans le cabinet des antiques de la bibliothèque du roi, et pendant la nuit, à l’aide d’escalade et d’effraction, ils firent aussi main basse sur les objets en métaux précieux qui y étaient conservés ; les médailles d’or et d’argent, bijoux et vases de prix devinrent la proie de ces voleurs ; une partie fut fondue, l’autre jetée dans la Seine. Ce fut alors que disparut la célèbre patère antique d’or massif, découverte à Rennes en 1774, et donnée par le duc de Penthièvre, gouverneur de Bretagne, au roi Louis XV ; mais des plongeurs la retirèrent du lit du fleuve. Seulement, la plaque ciselée en relief, incrustée au fond de la patère, s’en était détachée, sans doute au moment de la chute on la retira quelques jours après d’un autre endroit de la Seine. Ainsi, plus heureusement retrouvée que le Cupidon, la patère de Rennes figura parmi les pièces de conviction pour revenir à la collection royale. Fossard fut eondamné par la Cour d’Assises, le 16 janvier 1853, à quarante ans de travaux forcés, Drouillet à vingt ans de la même peine[1]. Qu’était la grande valeur intrinsèque qui tentait ces malfaiteurs en comparaison de la valeur inestimable de ces précieux objets d’art qu’anéantissait leur cupidité ?

La collection de Robien restait toujours déposée à l’évêché. En 1814, le comte de Ferrières, commissaire extraordinaire en Bretagne, voulut la faire transférer ailleurs la ville résista par la force d’inertie. Mais en 1815, le maréchal Soult, envoyé en Bretagne avec le même titre que le comte de Ferrières, se fit obéir sans réplique. Le musée évacua le palais épiscopal les toiles furent déposées dans les salles basses du Présidial, et les collections

  1. Moniteur Universel des 7 et 11 novembre 1831 ; 29 juillet, 1er et 4 août 1832 ; 17 janvier 1833. Gazette des Tribunaux, des 7 novembre 1831, 11 février, 29 juillet, 3, 4, 5, 6 août, 7 septembre, 31 octobre, 29 décembre 1832 ; 14, 15 et 16 janvier 1833. Chabouillet, Cat. du cab. imp., p. 364.