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ciale du 15 floréal an VII. » Le ministre tint bon de son côté, et la ville finit par accepter, le 24 vendémiaire an XIV, la possession du jardin botanique, ainsi que celle du cabinet d’histoire naturelle et du musée.[1]

Les collections de Robien, ainsi devenues municipales, continuaient de rester déposées dans les bâtiments de l’évêché, lorsqu’elles y furent victimes du vol le plus audacieux. Le 24 avril 1809, un nommé Jursellez, forçat évadé du bagne de Brest, après avoir examiné les locaux comme visiteur lors de l’ouverture publique de l’établissement, s’y introduisit pendant la nuit à l’aide d’escalade et d’effraction, brisa les armoires et fit main basse sur les médailles d’or et d’argent, les bagues et objets de prix qui y étaient renfermés. Trois jours après, arrêté par la gendarmerie comme suspect et fouillé, on trouva sur lui plusieurs bagues, produit du vol. D’après ses aveux, l’on déterra, enfoui dans le Jardin-des-Plantes, un sac contenant un grand nombre des objets de prix par lui soustraits. La police découvrit chez deux orfèvres, qui furent regardés comme complices par recélé, un grand nombre de pièces d’or qu’ils avaient achetées clandestinement du voleur. Par arrêt de la Cour spéciale du département du 30 juin 1809, cet homme fut condamné à douze ans de fers, à l’exposition et à la flétrissure[2] ; les deux orfèvres furent l’objet de poursuites compliquées[3]. Mais ces évolutions de procédures n’ont qu’un intérêt secondaire pour l’amateur ; ce qui lui importe de savoir, et ce qui doit être pour lui un sujet de regrets irréparables, c’est que tout n’a point été recouvré, et qu’une statuette antique de Cupidon, en or massif, trouvée à Loc-Mariaker, figurine panthée du travail le plus curieux, n’a point reparu dans les vitrines, d’où elle avait été ravie. — La tradition de ce vol se perpétua par cet indi-

  1. Marteville, Hist. de Rennes, II, p. 266.
  2. Registre des arrêts de la Cour spéciale du département aux archives du greffe de la Cour Impériale.
  3. Voyez Bulletin criminel de la Cour de Cassation, 1809, p. 363, et Sirey, Recueil général des arrêts, 1810, 1re part., p. 261.