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rieraient le vœu public en enrichissant Paris des dépouilles de chaque commune, et en assemblant dans un centre unique des matériaux destinés à servir de base à l’éducation dans toutes les localités. Sur cette observation, le Conseil arrêta que l’on aviserait aux moyens de conserver à Rennes le cabinet de Robien, et une Commission fut chargée d’écrire dans cet esprit au ministre. Cette démarche réussit. Mais la commune de Rennes n’avait pas songé aux voies et moyens, et elle ne tarda pas à se trouver embarrassée de ces richesses : les nouveaux pouvoirs se disputèrent à qui ne les aurait point, se les rejetant les uns sur les autres, et il s’ouvrit une série de discussions entre la commune, le district et le département.

La loi du 8 pluviôse de l’an II avait donné aux directoires de district la propriété des objets d’art provenant des confiscations. L’ancienne église de la Visitation reçut provisoirement le cabinet de Robien, ainsi que les livres destinés à former une bibliothèque publique. Ce local ayant bientôt reçu la destination urgente d’un hôpital militaire pour les blessés, ces dépôts divers furent transportés en l’an III, confusément et à la hâte, dans l’ancien couvent des Carmélites. Ce monastère n’ayant pas tardé à être vendu nationalement, le tout subit un autre transport dans les bâtiments de l’ancien évêché. Cependant, l’administration du département d’Ille-et-Vilaine trouvant onéreux l’entretien de ces collections, en répudiait la propriété, qu’elle considérait comme une charge sans compensation. Une décision du ministre de l’intérieur du 24 ventôse an XIII en attribua la propriété aux communes où elles étaient en dépôt, leur imposant en même temps les frais d’entretien. La commune de Rennes fit force difficultés pour accepter et ces valeurs et leurs charges. On lit dans le registre des délibérations un mémoire adressé au ministre le 10 thermidor an XIII, dans lequel on voit que la ville accepte avec reconnaissance l’école d’équitation « dont on sent l’utilité directe. » Quant au jardin botanique et au muséum, la ville n’en veut en aucune manière : « C’est une propriété départementale ; rien ne peut en dépouiller le département, qui la possède en vertu d’une loi positive et spé-