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— Pardon, dit celui-ci à l’hôtesse, j’ai été pris d’un malaise dans la rue, ne pourriez-vous pas m’envoyer chercher un fiacre, qui me reconduisît chez moi, cité de Christianshaven ?

La femme le regarda en secouant la tête, puis se mit à lui parler en allemand. Le conseiller répéta sa demande dans cette langue. Son accent et son costume confirmèrent la femme dans l’opinion qu’elle avait affaire à un étranger. Tout ce qu’elle crut comprendre, c’est qu’il ne se portait pas bien ; et elle alla en conséquence lui chercher un pot rempli d’hydromel. Quoique le conseiller trouvât au liquide un singulier goût, il en but un peu, s’assit sur un banc, et, la tête appuyée sur ses mains, il se mit à réfléchir à ce qui lui arrivait. Voyant que l’hôtesse avait un papier à la main, il lui demanda machinalement si elle ne pourrait pas lui donner un journal du soir.

Elle ne sut pas, bien entendu, ce qu’il voulait dire, mais elle lui montra le papier qu’elle tenait. C’était une gravure sur bois, représentant un météore qui avait paru à Cologne.

— Diable ! dit le conseiller qui s’anima tout à coup à la vue d’une pareille antiquité ; comment une pièce si rare se trouve-t-elle en votre possession ? Elle est des plus curieuses, quoique le météore en lui-même n’ait rien de miraculeux ; ce n’est qu’une aurore boréale qu’on peut facilement expliquer par l’électricité.

Plusieurs des personnes présentes, en entendant ces paroles, se mirent à regarder le conseiller avec un profond étonnement. Un des assistants se leva et, d’un air grave :