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rendre méconnaissables, comme dans nos langues à flexions. Ces langues agglutinatives, qui, selon Max Muller, caractérisent des peuples nomades, toujours contraints par leur vie voyageuse de ne pas laisser altérer la physionomie des mots, ne montrent point entre elles d’aussi intimes relations que les idiomes aryens ou sémitiques, ce qui est d’autant plus remarquable que par l’absence de flexions elles paraissent moins susceptibles de corruption et de variations. Leur parenté, au lieu de se montrer à la fois dans l’unité des racines et la concordance des formes grammaticales, se réduit à des ressemblances de structure et de procédés, en sorte que la filiation en est ou plus douteuse ou plus difticile à suivre.

Au point de vue anthropologique, l’unité de ce vaste groupe est peut-être encore moins établie, ou l’affinité moins étroite[1]. Les caractères extérieurs, superficiels par où se distinguent aisément d’autres races, la couleur de la peau, des yeux, des cheveux, sont ici de mauvais guides, ils sépareraient les unes des autres plusieurs des tribus finnoises. Les caractères anatomiques sont les seuls qui puissent s’appliquer à tous les rameaux de la branche ouralo-altaïque ; encore, parmi les Finnois, en est-il d’essentiels qui varient singulièrement. Les plus importants sont ceux que fournit la tête, et parmi eux le plus général et le plus persistant est l’aplatissement de la face et la saillie des pommettes. Dans la famille finnoise même, on trouve ces vestiges mongoliques à des degrés fort différents, accusés et frappants chez certaines tribus, comme chez les Lapons, fort affaiblis ou corrigés chez d’autres, comme chez les Finnois de Finlande.

Il est à remarquer que ces caractères craniologiques ainsi que d’autres, voisins et moins favorables, comme un certain prognatisme ou proéminence des mâchoires, se sont rencontrés chez beaucoup des anciennes populations

  1. Voyez par exemple la Revue anthropologique, t. III (1874), no 1 et 3.