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de l’Empire n’ont empêché Alexandre III de modifier l’assiette de l’impôt. Grâce à sa prudence et à son esprit d’économie, les finances de l’État en ont été affermies, au lieu d’en être ébranlées. Les redevances de rachat, qui pèsent si lourdement sur les campagnes, ont pu être diminuées. Les paysans de la couronne ont, comme les anciens serfs, reçu la propriété de leurs champs. L’abolition de la capitation a été le couronnement de la suppression du servage. Si l’empereur n’a pu faire davantage pour le peuple, la faute en est surtout à l’histoire et à la géographie, — à l’histoire qui a légué à la Russie les charges des guerres du passé ; à la géographie qui, en la liant à l’Europe, l’expose aux guerres de l’avenir. Pour que l’affranchissement du peuple produise tous ses effets, et que les ressources du vaste empire deviennent proportionnelles à ses dimensions, la Russie a surtout besoin de paix. L’empereur Alexandre III l’a compris. En assurant la paix à la Russie, puisse-t-il longtemps l’assurer à l’Europe !

Janvier 1890.