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respond la répartition des charges. Toutes les contributions ou redevances, impôts personnels ou fonciers, mis par l’État ou la province à la charge de la commune, sont par le mir d’Arachine confondus en une seule masse, sans distinction de nom, d’origine ou de destination. Les impôts, ainsi réunis en bloc, sont partagés en un nombre de cotes égal au nombre d’âmes de capitation et par suite au nombre de lots de terre. Le total des impôts, redevances, montant pour Arachine à 2, 607 roubles 30 kopeks, c’était 12 roubles 30 kopeks par âme de recensement et par lot.

Si, conformément à la théorie et aux fictions légales, la distribution s’était faite par âme imposée, chacune eût eu ses quatre hectares de terre et payé ses 12 roubles ; mais Arachine n’opère la répartition ni par âme, ni par tête, ni même par ménage. Tandis que telle famille ne recevait qu’un lot et n’était taxée qu’à 12 roubles 30 kopeks, telle autre était en possession de cinq lots et demi, et acquittait une contribution annuelle de plus de 73 roubles. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que la part de terre et d’impôt de certaines familles s’accroît ou diminue d’année en année, selon que grandit ou décroit la force de leurs membres. Ainsi la maison de Vassili Fédotof avait, en 1874, quatre lots et demi, en 1875, cinq lots, en 1876, cinq lots et demi. Pourquoi cette augmentation annuelle d’un demi-lot, soit de deux desiatines ? Parce que les enfants de Vassili Fédotof grandissaient, que la famille était capable de supporter un surcroit de charges avec un surcroît de travail. Dans le voisinage au contraire, la part de la maison Ivan Fédotof était, dans le même laps de temps, tombée de trois lots à deux, parce que le chef d’exploitation vieillissait, que les forces de la famille allaient en déclinant.

On voit que là où elles veulent tenir compte de tous les changements apportés par l’âge ou les maladies, les communes sont obligées de recourir à des partages annuels, à moins, ce qu’elles font souvent, de transporter simplement un lot ou un demi-lot d’une famille à une autre, sans tou-