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trêmes s’y succèdent l’une à l’autre presque sans transition, le printemps et l’automne n’y durant que quelques semaines. Cette opposition des saisons, comme le manque d’humidité, va en s’accentuant d’Occident en Orient, de l’Europe vers l’Asie, jusqu’à la concavité caspienne et aux plaines du Turkestan. De l’Ouest à l’Est, les lignes isothermes présentent, entre leur direction d’hiver et leur direction d’été, un écart croissant. Dans ces régions du Sud, les hivers sont moins longs que dans le Nord ; ils ne sont guère moins rigoureux. À Astrakan, sous la latitude de Genève, il n’est pas rare que, à six mois d’intervalle, les variations thermométriques embrassent jusqu’à 70 et même 75 degrés de l’échelle centigrade. Le voisinage de la Sibérie et de l’Asie centrale enlève à la Caspienne le rôle modérateur des grandes surfaces d’eau. Sur les côtes de cette mer intérieure, et presque au pied du Caucase, sous le 44° parallèle, à la hauteur d’Avignon, le froid descend jusqu’à 30 degrés au-dessous de la glace ; en revanche, la chaleur, en été, peut s’élever jusqu’à près de 40 au-dessus. Aux confins de l’Asie, dans les brûlants steppes des Kirghiz, sous la latitude du centre de la France, le mercure demeure quelquefois congelé pendant des journées entières, et, en juillet, le thermomètre pourra éclater au soleil. C’est à l’intérieur du continent, en Sibérie et dans le Turkestan, que ces températures excessives atteignent leur maximum. Vers les bords de l’Aral, il y a, entre les plus grands froids et les plus grandes chaleurs, des intervalles de 80, peut-être de 90 degrés centigrades ; c’est ainsi que, dans leurs expéditions de l’Asie centrale, les troupes russes ont eu à braver tour à tour l’extrême de l’hiver et l’extrême de l’été. Au nord de la mer d’Azof et de la mer Noire, les saisons restent encore singulièrement outrées. Là aussi, l’écart entre le jour le plus froid et le jour le plus chaud de l’année dépasse parfois l’intervalle de 70 degrés centigrades[1].

  1. Le Play, Description du bassin du Donets ; Voyage du prince Demidof dans le Sud de la Russie, t. III.