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de Guédimine et de l’ancienne maison souveraine de Lithuanie, connue en Europe sous le nom de Jagellons, et qui, avant de monter sur le trône de Pologne, régnait sur toute la Russie occidentale. De Rurik et de la première dynastie russe sont issus les Dolgorouki, les Bariatinski, les Obolenski, les Gortchakof ; de Guédimine et de la dynastie lithuanienne, les Khovanski, les Galitsyne, les Kourakine, les Troubestkoï en Russie, les Czartoryski et les Sanguszko en Pologne. À cette double descendance des anciens souverains nationaux s’ajoutaient sept ou huit familles, sorties d’anciens chefs tatars, tcherkesses ou géorgiens, admis jadis au nombre des kniazes russes, et dont la plupart, comme les Tcherkasski, les Mechtcherski, les Bagration, portent également des noms historiques[1].

Un simple dénombrement montre que ces kniazes russes ne le cèdent à aucune noblesse de l’Europe en antiquité ou en illustration : aujourd’hui encore ils ne le céderaient à aucune en hommes distingués. Et néanmoins, dans toutes ces maisons de sang presque royal, à côté desquelles se placent encore d’anciennes familles de boyars, dans toute cette haute noblesse nationale, il n’y a pas les éléments d’une aristocratie politique, il n’y a pas de quoi faire, par exemple, une chambre des pairs, une chambre de boyars héréditaire. Cette sorte d’incapacité aristocratique a une double raison : elle tient à la constitution historique de la société russe, elle tient aussi et avant tout à la constitution même de la famille russe.

Dans la famille du dvorianine et du kniaze comme dans celle du marchand ou du mougik, règne l’égalité des enfants, égalité de droits, égalité de titres. Avec ce principe démocratique, auquel la noblesse russe est toujours de-

  1. Sur la généalogie et l’histoire de toutes ces familles russes, on peut consulter le prince Pierre Dolgoroukof, Notice sur les principales familles de la Russie (1858) et le docteur allemand A. Kleinschmidt, Russlands Geschichte und Politik dargestellt in der Geschichte des russischen hohen Adels (Cassel, 1877).