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point comme une récompense décernée par les dieux. De quel droit les dieux immortels abaisseraient-ils un homme vertueux jusqu’à le récompenser ? Le véritable salaire du bien est de l’avoir fait et il n’y a hors de la vertu aucun prix digne d’elle. Laissons aux âmes vulgaires, pour soutenir leurs vils courages, la crainte du châtiment et l’espoir de la récompense. N’aimons dans la vertu que la vertu elle-même. Gallion, si ce que les poètes content des enfers est véritable, si après ta mort tu es conduit devant le tribunal de Minos, tu lui diras : « Minos ne me jugera pas. Mes actions m’ont jugé. »

— Comment, demanda le philosophe Apollodore, les dieux donneraient-ils aux hommes l’immortalité dont ils ne jouissent pas eux-mêmes ?

Apollodore, en effet, ne croyait pas que les dieux fussent immortels ou du moins que leur empire sur le monde dût s’exercer éternellement.