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Personne ne fit mine de combattre ces idées. Et Lollius, ramenant la conversation à son premier sujet :

— Nous cherchions à percer l’avenir. Quels sont, selon vous, amis, les destinées de l’homme après la mort ?

En réponse à cette question, Annaeus Mela promit l’immortalité aux héros et aux sages. Mais il la refusa au commun des hommes.

— Il n’est pas croyable, dit-il, que les avares, les gourmands, les envieux aient une âme immortelle. Un semblable privilège pourrait-il appartenir à des êtres ineptes et grossiers ? Nous ne le pensons pas. Ce serait offenser la majesté des dieux que de croire qu’ils ont destiné à l’immortalité le rustre qui ne connaît que ses chèvres et ses fromages, et l’affranchi, plus riche que Crésus, qui n’eut d’autres soins au monde que de vérifier les comptes de ses intendants. Pourquoi, dieux bons ! seraient-ils