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toilette d’Aphrodite et les chastes Amazones. En y songeant, ô Gallion, je pense que si ton dieu fut moins heureux que les potiers d’Athènes, c’est qu’il manqua de sagesse et ne fut point un bon artisan. La matière qu’il trouva n’était pas excellente. Elle n’était pas dénuée pourtant de toutes propriétés utiles, tu l’as reconnu toi-même. Il n’y a pas de choses absolument bonnes ni de choses absolument mauvaises. Une chose est mauvaise pour un usage ; elle est bonne pour un autre. On perdrait son temps et sa peine à planter des oliviers dans l’argile qui sert à façonner les amphores. L’arbre de Pallas ne croîtrait pas dans cette terre fine et pure, dont on fait les beaux vases que nos athlètes vainqueurs reçoivent en rougissant de pudeur et d’orgueil. À ce qu’il me semble, lorsqu’il forma le monde d’une matière qui n’y était pas toute propre, ton dieu, ô Gallion, s’est rendu coupable d’une faute pareille à celle que commettrait un vigneron