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— Il ne faut pas prendre à la lettre, dit-il, tout ce qu’on rapporte des dieux. Le vulgaire appelle le blé Cérès, le vin Bacchus. Mais où trouverait-on un homme assez fou pour croire qu’il boit et mange un dieu ? Connaissons mieux la nature divine. Les dieux sont les diverses parties de la nature, ils se confondent tous en un dieu unique, qui est la nature entière.

Le proconsul approuva les paroles de son frère et, prenant un grave langage, définit les caractères de la divinité.

— Dieu est l’âme du monde, répandue dans toutes les parties de l’univers, auquel elle communique le mouvement et la vie. Cette âme, flamme artisane, pénétrant la matière inerte, a formé le monde. Elle le dirige et le conserve. La divinité, cause active, est essentiellement bonne. La matière dont elle fit usage, inerte et passive, est mauvaise en certaines de ses parties. Dieu n’en a pu changer la nature. C’est ce