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des poèmes. Jamais, dans ces luttes ingénieuses, Néron ne donna le moindre signe d’envie. Il se plaisait au contraire à vanter les vers de son rival, où, malgré la faiblesse de l’âge, paraissait, ça et là, une ardente énergie. Il semblait quelquefois heureux d’être vaincu par le neveu de son précepteur. Charmante modestie du prince de la jeunesse ! Les poètes compareront un jour l’amitié de Néron et de Lucain à la sainte amitié d’Euryale et de Nisus.

— Néron, reprit le proconsul, montre dans l’ardeur de la jeunesse, une âme douce et pleine de pitié. Ce sont là des vertus que les années ne pourront qu’affermir.

» Claudius, en l’adoptant, a sagement acquiescé au vœu du Sénat et au désir du peuple. Par cette adoption il a écarté de l’Empire un enfant accablé du déshonneur de sa mère, et il vient, en donnant Octavie à Néron, d’assurer l’avènement d’un jeune César qui fera les délices de Rome. Fils