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guère à lui reprocher que sa faiblesse. Mais, dans l’exercice du pouvoir souverain, cette faiblesse était parfois aussi cruelle que la cruauté de Caïus. Ils avaient aussi contre lui des griefs domestiques. Si Caïus s’était moqué de Sénèque, Claudius l’avait exilé dans l’île de Corse. Il est vrai qu’il l’avait ensuite rappelé à Rome et revêtu des ornements de la préture. Mais ils ne lui étaient point reconnaissants d’avoir exécuté de la sorte un ordre d’Agrippine, ignorant lui-même ce qu’il ordonnait. Indignés mais patients, ils s’en reposaient sur l’impératrice de la fin du vieillard et du choix du nouveau prince. Mille bruits couraient à la honte de la fille impudique et cruelle de Germanicus. Ils n’y prêtaient pas l’oreille, et célébraient les vertus de cette femme illustre à qui les Sénèques devaient le terme de leurs disgrâces et l’accroissement de leurs honneurs. Comme il arrive souvent, leurs convictions étaient d’accord avec leurs intérêts. Une