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cochers et des gladiateurs. Il sentait douloureusement le mal dont souffrait l’Empire, le luxe insolent des grands, la basse avidité des clients, la dépravation féroce de la multitude.

Gallion et son frère l’approuvèrent. Ils aimaient la vertu. Pourtant, ils n’avaient rien de commun avec les vieux patriciens qui, sans autre souci que d’engraisser leurs porcs et d’accomplir les rites sacrés, conquirent le monde pour la bonne gestion de leurs métairies. Cette noblesse d’étable, instituée par Romulus et par Brutus, était depuis longtemps éteinte. Les familles patriciennes, créées par le divin Julius et par l’empereur Auguste, n’avaient point duré. Des hommes intelligents, venus de toutes les provinces de l’Empire, occupaient leur place. Romains à Rome, ils n’étaient nulle part étrangers. Ils l’emportaient de beaucoup sur les vieux Céthégus par les élégances de l’esprit et les sentiments humains. Ils ne