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cendres, avait besoin d’une demeure, mais qu’il ne lui fallait pas une maison bien grande pour y vivre la vie diminuée des morts. C’étaient des hommes d’une noble race, venue d’Asie. Celui dont je soulève la cendre légère vécut avant les temps d’Évandre et du berger Faustulus.

Et il ajouta, se plaisant à parler comme les anciens :

— Alors le roi Italus, ou Vitulus, le roi Veau, exerçait sa domination paisible sur cette contrée promise à tant de gloire. Alors s’étendaient sur la terre ausonienne les règnes monotones des troupeaux. Ces hommes n’étaient point ignorants et grossiers. Ils avaient reçu de leurs ancêtres beaucoup d’enseignements précieux. Ils connaissaient le navire et la rame. Ils pratiquaient l’art de soumettre les bœufs au joug et de les lier au timon. Ils allumaient à leur volonté le feu divin. Ils recueillaient le sel, travaillaient l’or, pétrissaient et cuisaient des vases