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dans son sanctuaire les statues du Prince ? Que penser d’un dieu qui s’offense des honneurs rendus à d’autres dieux ? Et que penser d’un peuple qui prête à ses dieux de pareils sentiments ? Les Juifs regardent les dieux des Latins, des Grecs et des Barbares comme des dieux ennemis, et ils poussent la superstition jusqu’à croire qu’ils possèdent de Dieu une pleine et entière connaissance, à laquelle on ne doit rien ajouter, dont on ne saurait rien retrancher.

» Vous le savez, chers amis, ce n’est pas assez de souffrir toutes les religions ; il faut les honorer toutes, croire que toutes sont saintes, qu’elles sont égales entre elles par la bonne foi de ceux qui les professent, que semblables à des traits lancés de points différents vers un même but, elles se rejoignent dans le sein de Dieu. Seule, cette religion qui ne souffre qu’elle, ne saurait être tolérée. Si on la laissait croître, elle dévorerait toutes les autres. Que dis-je ?