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leur faisant croire qu’on trouve dans des livres hébreux les idées de Platon sur la providence divine. Tel est, en effet, le mensonge qu’ils s’efforcent de répandre.

— C’est un fait, répondit Gallion, que les Juifs reconnaissent un dieu unique, invisible, tout-puissant, créateur du monde. Mais il s’en faut qu’ils l’adorent avec sagesse. Ils publient que ce dieu est l’ennemi de tout ce qui n’est pas juif et qu’il ne peut souffrir dans son temple ni les simulacres des autres dieux, ni la statue de César ni ses propres images. Ils traitent d’impies ceux qui, avec des matières périssables, se fabriquent un dieu à la ressemblance de l’homme. Que ce dieu ne puisse être exprimé par le marbre ni l’airain, on en donne diverses raisons dont quelques-unes, je l’avoue, sont bonnes et conformes à l’idée que nous nous faisons de la divine providence. Mais que penser, ô cher Apollodore, d’un dieu assez ennemi de la république pour ne point admettre