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J’ai rencontré à Alexandrie un vieillard juif qui ne manquait pas d’intelligence et qui même était versé dans les lettres grecques. Il se réjouissait du progrès de sa religion dans l’Empire. « A mesure que les étrangers connaissent nos lois, m’a-t-il dit, ils les trouvent aimables et s’y soumettent volontiers, tant les Romains que les Grecs, et ceux qui demeurent sur le continent et les habitants des îles, les nations occidentales et orientales, l’Europe et l’Asie. » Ce vieillard parlait peut-être avec quelque exagération. Pourtant on voit beaucoup de Grecs incliner aux croyances des Juifs.

Apollodore nia avec vivacité qu’il en fût ainsi.

— Des Grecs qui judaïsent, dit-il, vous n’en trouverez que dans la lie du peuple et parmi les Barbares errant dans la Grèce comme des brigands et des vagabonds. Il se peut toutefois que les sectateurs du Bègue aient séduit quelques Grecs ignorants, en