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espéré tant faire, n’y voulut point toucher, de peur de faire pis.

Et, après tout, il avait raison. Je demandai avec inquiétude à maman comment elle me trouvait. Je vous dis que c’était une sainte. Elle me répondit comme Mme Primrose :

« Un enfant est assez beau quand il est assez bon. »

Et elle me conseilla de porter ma tunique avec simplicité.

Je la revêtis pour la première fois un dimanche, comme il convenait, puisque c’était un vêtement neuf. Oh ! quand ce jour-là je parus dans la cour du collège pendant la récréation, quel accueil !

« Pain de sucre ! pain de sucre ! » s’écrièrent à la fois tous mes camarades.

Ce fut un moment difficile. Ils avaient tout vu d’un coup d’œil, le galbe disgracieux, le bleu trop clair, les lyres, le col béant à la nuque. Ils se mirent tous à me fourrer des cailloux dans le dos, par l’ouverture fatale du col de ma tunique. Ils en versaient des poignées et des poignées sans combler le gouffre.

Non, le petit tailleur-concierge de la rue des Canettes n’avait pas considéré ce que pouvait