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les carreaux. Du toit de zinc sortait un tuyau de cheminée coiffé d’un grand chapeau. Mme Mathias tourna le bec de canne et, me poussant devant elle, entra dans l’échoppe. Un vieillard, courbé sur une table, leva la tête à notre vue. Des favoris en fer à cheval bordaient ses joues roses. Ses cheveux blancs s’enlevaient sur son front comme dans un coup de vent orageux. Sa redingote noire était par endroits blanchie et luisante. Il portait un bouquet de violettes à la boutonnière.

« Tiens ! c’est la vieille ! » dit-il sans se lever.

Puis me regardant d’un air peu sympathique :

« C’est ton petit bourgeois, hein ? demanda-t-il.

— Oh ! répondit Mme Mathias, il est gentil enfant, quoiqu’il me fasse souvent endêver.

— Hum ! fit l’écrivain public. Il est maigrichon et pâlot. Ça ne fera pas un fameux soldat. »

Mme Mathias contemplait le vieil écrivain public avec des yeux ardents de tendresse ; elle lui dit d’une voix souple, que je ne lui connaissais pas :