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viers avares et pauvres un vétérinaire céleste.

Le tumulus sur lequel vous êtes monté offre un autre témoignage de la piété bretonne. Les apôtres d’Armorique ont sanctifié ce tertre en élevant sur le faîte une chapelle à saint Michel-Archange, qui lance et retint la foudre et se plaît sur les hauts lieux. Les femmes de marins viennent dans cette chapelle prier l’archange de préserver leur mari du péril de la mer. Chaque année, dans la nuit du 23 juin, les gars du pays y allument, en poussant des cris de joie, le feu de la Saint-Jean, auquel d’autres feux répondent de toutes les hauteurs voisines. Et il est croyable que cette coutume remonte à une fabuleuse antiquité.

Ces petites buttes, visibles à vos pieds maintenant que le soleil, déjà bas, en prolonge les ombres, ce sont les Bossenno, bosses semées entre les pierres de l’Océan. On raconte qu’elles recouvrent un monastère de moines rouges. Il s’y commit, dit-on, de telles abominations que le ciel et la terre ne purent les souffrir. Le moustier périt en une nuit, dévoré par les flammes.

Encore aujourd’hui, le lieu où sont ensevelis les moines rouges est mal famé. Dans l’ombre du soir, des flammes s’allument sur les buttes,