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XIII

Évariste Gamelin siégeait au Tribunal pour la deuxième fois. Avant l’ouverture de l’audience il s’entretenait avec ses collègues du jury, des nouvelles arrivées le matin. Il y en avait d’incertaines et de fausses ; mais ce qu’on pouvait retenir était terrible : les armées coalisées, maîtresses de toutes les routes, marchant d’ensemble, la Vendée victorieuse, Lyon insurgé, Toulon livré aux Anglais, qui y débarquaient quatorze mille hommes.

C’était autant pour ces magistrats des faits domestiques que des événements intéressant le monde entier. Sûrs de périr si la patrie périssait, ils faisaient du salut public leur affaire propre. Et l’intérêt de la nation, confondu avec le leur,