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beaux yeux limpides, dont il ne put soutenir le regard. Il se troubla et fut confondu. C’était un grand vilain homme roux, comme Judas Iscariote.

Cette affaire, connue par les gazettes, fit l’entretien de Paris. On en parla dans les salons, dans les promenades, chez le barbier et chez le limonadier. Et partout madame de la Morangère inspirait autant de sympathie que le Lescot donnait de dégoût.

La curiosité publique était vive encore quand j’accompagnai M. l’abbé Jérôme Coignard, mon bon maître, chez M. Blaizot qui, comme vous savez, est libraire rue Saint-Jacques, à l’Image Sainte-Catherine.

Nous trouvâmes dans la boutique le secrétaire particulier d’un ministre d’État, M. Gentil, qui se cachait le visage dans un livre nouvellement venu de Hollande, et le célèbre M. Roman, qui a traité de la raison d’État en divers ouvrages estimés. Le vieux M. Blaizot, derrière son comptoir, lisait la gazette.