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Jérôme Coignard lui tira son chapeau avec une grâce naturelle, qui eût été plus sensible si le chapeau de mon bon maître n’avait pas été défoncé, la veille au soir, dans une rixe sans conséquence, sous la treille du Petit-Bacchus.

M l’abbé Coignard ayant témoigné qu’il avait joie à revoir un si habile homme :

— Ce ne sera pas pour longtemps, répondit M. Jean Hibou. Je quitte ce pays où je ne puis vivre. Je ne saurais respirer plus longtemps l’air corrompu de cette ville. Dans un mois, je serai établi en Hollande. Il est cruel de subir Fleury après Dubois, et j’ai trop de vertu pour être Français. Nous sommes gouvernés, sur de mauvais principes, par des imbéciles et des coquins. C’est ce que je ne puis souffrir.

— Il est vrai, dit mon bon maître, que les affaires publiques sont mal conduites et qu’il y a beaucoup de voleurs en place. Les sots et les méchants se partagent la puissance et si j’écris jamais sur les affaires du