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III

LES MINISTRES D’ÉTAT (Suite et fin).


Ce jour-là, nous fûmes bien surpris, mon bon maître et moi, de rencontrer chez M. Blaizot, à l’Image Sainte-Catherine, un petit homme maigre et jaune qui n’était pas autre que le célèbre libelliste, Jean Hibou. Nous avions tout lieu de croire qu’il était à la Bastille, où il avait accoutumé de vivre. Et, si nous n’hésitâmes pas à le reconnaître, c’est qu’il gardait encore sur le visage l’ombre et l’humidité des cachots. Il feuilletait d’une main frémissante, sous l’œil inquiet du libraire, les écrits politiques nouvellement venus de Hollande. M. l’abbé