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— Holà ! monsieur l’abbé, s’écria cet habile homme. Vous oubliez que ces bêtes dégoûtantes et féroces sont soumises, tout au moins en Europe, à une police admirable, et que des États comme le royaume de France ou la république de Hollande sont bien éloignés de cette barbarie et de cette rudesse qui vous offensent.

Mon bon maître repoussa dans le rayon le tome de Racine et répondit à M. Roman, avec sa grâce coutumière :

— Je vous accorde, monsieur, que les actions des hommes d’État prennent quelque ordre et quelque clarté dans les écrits des philosophes qui en traitent, et j’admire dans votre ouvrage sur la Monarchie la suite et l’enchaînement des idées. Mais souffrez, monsieur, que je fasse honneur à vous seul des beaux raisonnements que vous prêtez aux grands politiques des temps anciens et des jours présents. Ils n’avaient pas l’esprit que vous leur donnez, et ces illustres, qui semblent avoir mené le monde, étaient eux-