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die de l’avènement de Joas découvre quelques-uns des ressorts dont le jeu élève et renverse les empires. Et il faut croire que M. Racine avait l’esprit de finesse dont nous devons faire plus de cas que de toutes les sublimités de la poésie et de l’éloquence, qui ne sont en réalité que des artifices de rhéteurs, propres à l’amusement des badauds. Tirer l’homme au sublime est le propre d’un esprit faible, qui se méprend sur la véritable nature de la race d’Adam, laquelle est tout entière misérable et digne de pitié. Je me retiens de dire que l’homme est un animal ridicule, par cette seule considération que Jésus-Christ l’a racheté de son précieux sang. La noblesse de l’homme réside uniquement dans ce mystère inconcevable, et les humains, petits ou grands, ne sont, par eux-mêmes, que des bêtes féroces et dégoûtantes.

M. Roman entra dans la boutique au moment où mon bon maître prononçait ces dernières paroles.