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I

LES MINISTRES D’ÉTAT


Cette après-dînée, M. l’abbé Jérôme Coignard fit visite, comme il avait accoutumé, à M. Blaizot, libraire, rue Saint-Jacques, à l’Image Sainte-Catherine. Avisant sur les tablettes les œuvres de Jean Racine, il se mit à feuilleter négligemment un des tomes de cet ouvrage.

— Ce poète, nous dit-il, n’était pas sans génie, et s’il avait haussé son esprit à écrire ses tragédies en vers latins, il serait digne de louange, surtout à l’endroit de son Athalie, où il a montré qu’il entendait assez bien la politique. Corneille n’est, en regard de lui, qu’un vain déclamateur. Cette tragé-