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mort d’un homme la majesté des caporaux et des sergents. Ils ne voudront pas croire que des malheureux furent passés par les armes pour crime de désertion devant l’ennemi, dans une expédition où le gouvernement de la France ne reconnaissait pas de belligérants. Ce qu’il y a d’admirable, c’est que de telles atrocités se commettent chez des peuples chrétiens qui honorent saint Sébastien, soldat révolté, et ces martyrs de la légion thébaine dont la gloire est seulement d’avoir encouru jadis les rigueurs des conseils de guerre, en refusant de combattre les Bagaudes. Mais laissons cela, ne parlons plus de ces justices de gens à sabres, qui périront un jour, selon la prophétie du fils de Dieu ; et revenons-en aux magistrats civils.

» Les juges ne sondent point les reins et ne lisent point dans les cœurs ; aussi leur plus juste justice est-elle rude et superficielle. Encore s’en faut-il de beaucoup qu’ils s’en tiennent à cette grossière écorce d’équité, sur