Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

familiers. Toutes les circonstances de son existence singulière et de sa fin tragique ont été rapportées par son disciple, Jacques Ménétrier, surnommé Tournebroche parce qu’il était fils d’un rôtisseur de la rue Saint-Jacques. Ce Tournebroche professait pour celui qu’il avait l’habitude de nommer son bon maître une admiration vive et tendre. « C’est, disait-il, le plus gentil esprit qui ait jamais fleuri sur la terre. » Il rédigea avec modestie et fidélité les mémoires de M. l’abbé Coignard, qui revit dans cet ouvrage comme Socrate dans les Mémorables de Xénophon.

Attentif, exact et bienveillant, il fit un portrait plein de vie et tout empreint d’une amoureuse fidélité. C’est un ouvrage qui fait songer à ces portraits d’Érasme, peints par Holbein, qu’on voit au Louvre, au musée de Bâle et à Hampton-Court, et dont on ne se lasse point de goûter la finesse. Bref, il nous laissa un chef-d’œuvre.

On sera surpris, sans doute, qu’il n’ait pas