Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À la nouvelle que ces damnés Armagnacs entraient à Compiègne et gagnaient les châtellenies d’alentour, les habitants de Paris eurent grand’peur. Ils croyaient que les gens du Dauphin avaient juré, s’ils entraient à Paris, de tuer tout ce qu’ils y trouveraient. On disait publiquement que messire Charles de Valois avait abandonné à ses gens la ville et ses habitants, grands et petits, de tous états, hommes et femmes, et qu’il se promettait de faire passer la charrue sur l’emplacement de la cité. Les habitants, pour la plupart, le croyaient. Aussi mirent-ils la croix de Saint-André sur leurs habits, comme signe qu’ils étaient du parti des Bourguignons. Leur haine et leurs craintes redoublèrent quand ils apprirent que le frère Richard et la Pucelle Jeanne conduisaient l’armée de Charles de Valois. Ils ne connaissaient Jeanne que sur le bruit des victoires qu’elle avait remportées, disait-on, à Orléans. Mais ils pensaient qu’elle avait vaincu les Anglais avec l’aide du diable, par des charmes et des enchantements. Les maîtres de l’université disaient : « Une créature en forme