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rafraîchi par la rosée qui s’égouttait à la pointe des viornes, fra Mino marchait depuis longtemps dans la forêt, quand il découvrit une source sur laquelle les tamaris balançaient mollement leur feuillage léger et le duvet de leurs grappes roses. On voyait plus bas, entre les saules, dans la source élargie, les hérons immobiles. Les petits oiseaux chantaient aux rameaux des myrtes. Le parfum de la menthe mouillée s’élevait de terre ; et dans l’herbe brillaient les fleurettes dont Notre Seigneur a dit que le roi Salomon dans toute sa gloire n’était pas vêtu comme l’une d’elles. Fra Mino s’assit sur une pierre moussue et, louant Dieu, qui fit le ciel et la rosée, il médita les mystères cachés dans la nature.

Comme le souvenir de ce qu’il avait vu en la chapelle ne le quittait jamais, il demeura le front dans ses mains, recherchant pour la millième fois ce que signifiait ce songe : « Car, se disait-il, une telle apparition doit avoir un sens : elle doit même en avoir plusieurs, qu’il importe de découvrir, soit par illumination soudaine, soit en faisant une application exacte des règles de la scolastique. Et j’estime que,