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l’un d’eux, nommé Lucide, qui était d’une grande patience, dépérissait dans l’air mauvais.

Fra Giovanni aimait Lucide et il lUi disait :

— Mon frère, vous êtes Lucide, et il n’est pas de pierre pLUs pure que votre cœur, aux yeux de Dieu.

Et, s’apercevant que Lucide souffrait plus que les autres de l’odeur pernicieuse qu’on respirait dans l’hôtellerie, il lui dit un jour :

— Ami Lucide, chère brebis du Seigneur, tandis qu’on respire ici la peste, nous buvons, dans les jardins de Sainte-Marie-des-Anges, le parfum des cytises. Venez avec moi dans la maison des petits frères. Vous y verrez et vous y goûterez le beau ciel, et vous serez soulagé.

En parlant de la sorte, il prit le lépreux par le bras, le couvrit de son manteau et le conduisit à Sainte-Marie-des-Anges.

Arrivé à la porte du couvent, il appela le frère portier avec des cris joyeux :

— Ouvrez, dit-il, ouvrez à l’ami que je vous amène. Il se nomme Lucide et il est bien nommé, car c’est une perle de patience.

Le portier ouvrit la porte. Mais quand il vit entre les bras de fra Giovanni un homme dont