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ses adieux avec la gravité d’une âme rustique et religieuse. Durant les cinq années de son service, elle avait subi les violences injurieuses et la dure avarice de madame, qui la nourrissait chichement ; elle avait eu, de son côté, des éclats d’insolence et de révolte, et elle avait médit de madame parmi les servantes. Mais elle était chrétienne et, dans le fond de son cœur, elle honorait ses maîtres comme ses père et mère. Elle dit tout enrhumée de douleur :

— Adieu, madame. Je prierai bien le bon Dieu pour vous, qu’il vous donne le bonheur. J’aurais bien voulu dire adieu à vos demoiselles.

Madame Bergeret sentait qu’avec cette pauvre fille elle était elle-même chassée de la maison. Mais elle crut qu’il était de sa dignité de ne laisser paraître aucune émotion.

— Allez, ma fille, dit-elle, allez régler votre compte avec monsieur.

M. Bergeret lui ayant remis son gage,