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là, debout, comme elle avait vu faire tout à l’heure à des ouvrières de la ville. Il dit :

— Attendez un instant.

Il se mit à courir vers la rue qui suit le côté gauche des Lanzi et disparut.

Au bout d’un moment il revint, lui tendant une petite cuiller de vermeil à demi dépouillé par le temps, et dont le manche se terminait par le lys de Florence, au calice émaillé de rouge.

— C’est pour prendre votre glace. Le glacier ne donne pas de cuiller. Il vous aurait fallu tirer la langue. Ç’aurait été très joli. Mais vous n’avez pas l’habitude.

Elle reconnut la cuiller, un petit joyau qu’elle avait remarqué la veille dans la vitrine d’un antiquaire voisin des Lanzi.

Ils étaient heureux, ils répandaient leur joie pleine et simple en paroles légères qui n’avaient point de sens. Et ils riaient quand le Florentin leur tenait, avec une mimique sobre et puissante, des propos renouvelés des vieux conteurs italiens. Elle s’amusait du jeu parfait de ce visage antique et jovial. Mais elle ne comprenait pas toujours les paroles. Elle demandait à Jacques :

— Qu’est-ce qu’il a dit ?

— Vous voulez le savoir ?

Elle le voulait.

— Eh bien ! il a dit qu’il serait heureux si