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une riche collection de chaussures. Si l’on voulait faire, à son exemple, un musée de chaussures mythologiques, on remplirait plus d’une vitrine. À côté des bottes de sept lieues, du soulier d’Hermès enfant et des bottes du maître chat, il faudrait placer les talonnières d’Hermès adulte, les sandales de Persée, les chaussures d’or d’Athénè, les pantoufles de verre de Cendrillon et les mules étroites de Marie, la petite Russe. Tous ces vêtements de pied expriment à leur façon la vitesse de la lumière et le cours des astres.

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C’est par erreur, n’est-il pas vrai, qu’on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre ? On ne peut pas se figurer des chaussures faites de la même étoffe qu’une carafe. Des chaussures de vair, c’est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux, bien que ce soit une mauvaise idée d’en donner à une fillette pour la mener au bal. Cendrillon devait avoir avec les siennes les pieds pattus comme un pigeon. Il fallait, pour danser si chaudement chaussée, qu’elle fût une petite