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boucles, et sa poitrine se gonflait de petits soupirs. Il faut dire que j’ai été moi-même honoré souvent de ces petits soupirs.

— Monsieur, dis-je, en pliant la lettre, je suis heureux de pouvoir vous être utile. Vous vous occupez de recherches qui m’ont moi-même bien vivement intéressé. J’ai fait ce que j’ai pu. Je sais comme vous — et mieux encore que vous — combien il reste à faire. Le manuscrit que vous me demandez est à votre disposition ; vous pouvez l’emporter, mais il n’est pas des plus petits, et je crains…

— Ah ! monsieur, me dit Gélis, les gros livres ne me font pas peur.

Je priai le jeune homme de m’attendre et j’allai dans un cabinet voisin chercher le registre que je ne trouvai pas d’abord et que je désespérai même de trouver quand je reconnus, à des signes certains, que Thérèse avait mis de l’ordre dans le cabinet. Mais le registre était si grand et si gros que Thérèse n’était pas parvenue à le ranger assez complètement. Je le soulevai avec peine et j’eus la joie de le trouver pesant à souhait.

— Attends, mon garçon, me dis-je avec un sou-