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tra le nom de Jeanne Alexandre écrit en ronde en tête de la liste.

— Je vois avec un sensible plaisir, lui dis-je, que vous êtes satisfaite de la conduite de cette enfant. Rien ne peut m’être plus agréable, et je suis porté à attribuer cet heureux résultat à votre affectueuse vigilance. J’ai pris la liberté de vous faire envoyer quelques livres qui peuvent intéresser et instruire des jeunes filles. Vous jugerez, après y avoir jeté les yeux, si vous devez les communiquer à mademoiselle Alexandre et à ses compagnes.

La reconnaissance de la maîtresse de pension alla jusqu’à l’attendrissement et s’étendit en paroles. Pour y couper court :

— Il fait bien beau aujourd’hui, dis-je.

— Oui, me répondit-elle, et, si cela continue, ces chères enfants auront un beau temps pour prendre leurs ébats.

— Vous voulez sans doute parler des vacances. Mais mademoiselle Alexandre, qui n’a plus de parents, ne sortira pas d’ici. Que fera-t-elle, mon Dieu, dans cette grande maison vide ?

— Nous lui donnerons le plus de distractions