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se sentir immédiatement envahi par une douleur accablante ? Comment vous exposer, sans verser des larmes, l’état des religieux dont je suis le chef spirituel ? Car c’est d’eux qu’il s’agit, Monsieur le Président. En pénétrant dans mon diocèse, quel spectacle déchirant a frappé mes regards ! Sur le seuil des maisons pieuses consacrées à l’éducation des enfants, à la guérison des malades, au repos des vieillards, à l’instruction de nos lévites, à la méditation des mystères, je n’ai vu que des fronts soucieux et des regards affligés. Là où naguère régnaient la joie de l’innocence et la paix du travail, s’étendait maintenant une sombre inquiétude. Des soupirs montaient vers le ciel, et de toutes les bouches s’échappait le même cri d’angoisse : « Qui recueillera nos vieillards et nos malades ? Que vont devenir nos petits enfants ? Où irons-nous prier ? » Ainsi gémissaient, aux pieds de leur pasteur, en lui baisant les mains, les religieux et les reli-