Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En sorte, dit M. Bergeret, que nous avons la charge de cette âme ?

— Quelle âme ? demanda la vieille Angélique.

— Cette âme canine. Un animal, c’est proprement une âme. Je ne dis point une âme immortelle. Pourtant, à considérer la situation que nous occupons dans l’univers, cette pauvre bête et moi, je reconnais à l’une et à l’autre précisément les mêmes droits à l’immortalité.

Après avoir longtemps hésité, la vieille Angélique dit avec un effort douloureux qui retroussait sa lèvre du haut sur les deux dents qui lui restaient :

— Si monsieur ne veut pas du chien, je le rendrai au chef de monsieur Dellion. Mais vous pouvez le garder, je vous assure. Vous ne le verrez ni ne l’entendrez.

À peine avait-elle dit, que la petite bête, au bruit d’un camion qui passait dans la rue, se dressa sur les genoux de M. Bergeret et