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— Hercule ? demanda M. Goubin.

— Oui, répondit simplement M. Bergeret. Comme nous, il naquit malheureux, fils du dieu et de la femme, tenant de cette double origine la tristesse d’une âme pensante et les misères d’un corps affamé. Il fut soumis toute sa vie aux caprices d’un roi fantasque. Ne sommes-nous point aussi les enfants de Zeus et de la malheureuse Alcmène, et les esclaves d’Eurysthée ? Je dépends du ministre de l’Instruction publique, qui peut m’envoyer à Alger comme Hercule fut envoyé chez les Nasamons.

— Vous ne nous quittez pas, cher maître ? demanda M. Goubin, inquiet.

— Voyez comme il est triste ! poursuivit M. Bergeret. Avec quelle lassitude il s’appuie sur sa massue et laisse pendre son bras ! La tête penchée, il songe à ses durs labeurs. L’Hercule Farnèse procède certainement de la statue de Lysippe. Apprenti forgeron avant d’être statuaire, Lysippe, robuste