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cotret et méprisait les hommes, mais dans l’idée qu’une liaison avec un diplomate lui procurerait certains avantages et surtout pour ne pas perdre l’occasion d’être rosse. Nanteuil le savait. Elle savait que toutes ses camarades, Ellen Midi, Duvernet, Herschell, Falempin, Stella, Marie-Claire, voulaient lui prendre Ligny. Elle avait vu Louise Dalle, habillée comme une maîtresse de piano, ayant toujours l’air d’escalader l’omnibus et gardant jusque dans ses provocations et ses frôlements les apparences d’une irrémédiable honnêteté, poursuivre Ligny de ses jambes trop longues et l’obséder de ses regards de Pasiphaé pauvre. Et elle avait surpris, dans un couloir, la doyenne, cette bonne mère Ravaud, découvrant à l’approche de Ligny ce qui lui restait encore, ses magnifiques bras, depuis quarante ans illustres.

Fagette montra à Nanteuil avec dégoût, d’un bout de doigt ganté, la scène sur