Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au fond du théâtre et quelques messieurs de l’orchestre, avec un léger murmure des lèvres, battirent des mains lentement et sans bruit. Nanteuil venait de donner sa dernière réplique à Jeanne Perrin.

Brava ! brava ! Elle est délicieuse, cette petite, soupira madame Doulce.

Dans sa jalouse rage, Chevalier fut mauvais camarade. Il posa un doigt sur son front :

— Elle joue avec ça.

Puis, étendant la main sur son cœur :

— C’est avec ça qu’il faut jouer.

— Merci, mon ami, merci ! murmura madame Doulce, reconnaissant dans ces maximes sa louange manifeste.

Elle disait, en effet, qu’on ne joue bien qu’en jouant avec son cœur ; elle professait que, pour exprimer fortement une passion, il faut l’éprouver, et qu’il est nécessaire de sentir les impressions qu’on doit rendre. Elle se donnait volontiers en exemple. Reine